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A propos d’un "jeu dangereux" : nos réactions

Il y aura une semaine demain qu’un accident inacceptable a eu lieu sur le terrain de football de l’Institut Saint-Dominique.

Bruxelles, le 12 mai 2011.

À tous les membres de notre communauté éducative,

Il y aura une semaine demain qu’un accident inacceptable a eu lieu sur le terrain de football de l’Institut Saint-Dominique. Comme chacun sait, et ainsi que la presse l’a plus ou moins correctement relayé, l’un de nos élèves de 1re, Kevin, a été victime d’un jeu stupide auquel il participait et dont, à l’instar de ses condisciples, il ne mesurait sans doute pas les conséquences dangereuses. Ce « jeu » — Fifa Street, qui s’apparente plus au rollerball (cf. le film de Norman Jewison [1975] ou le remake de John McTiernan [2001]) qu’au football — consiste donc à procéder à un tabassage en règle (coups de pieds, bourrades en tous genres) du malheureux « footballeur » qui n’aurait pas fait ce qu’il aurait dû faire avec le ballon.

Peu importe en somme ces soi-disant règles ; ce qui compte, c’est de comprendre qu’il s’agit de corriger la maladresse d’un condisciple au moyen d’une violence habituellement de moyenne intensité (mais de maximale stupidité) qui a connu, dans le cas de Kevin, un dérapage qui lui aurait pu être fatal. Et qui laissera peut-être des séquelles : il est encore trop tôt pour le dire.

Ce « jeu » est à la mode, semble-t-il, depuis quelque temps, à Saint-Dominique et dans d’autres établissements bruxellois ; il a déjà existé par le passé (sur le mode du basket-ball, dit-on). Les jeunes qui s’y adonnent le font en profitant des temps morts que leur laisse inévitablement la surveillance de la cour. Certains ont avoué qu’il y avait des guetteurs dont le rôle était de signaler aux autres qu’ils pouvaient franchement y aller. (Nous tenons d’ailleurs à préciser en ces lignes que cette surveillance n’est nullement en cause et qu’il serait facile, dans le chef de personnes étrangères à cette fonction, d’épingler l’une ou l’autre défaillance ; la surveillance de la cour est assurée efficacement par un personnel compétent, tout en ne garantissant nullement contre tout risque d’accident.)

Où en sommes-nous aujourd’hui ?

La police, étant donné que le papa de Kevin et l’Institut Saint-Dominique ont porté plainte contre x, est en train de mener une enquête, qui lui appartient.

Quant à nous, nous avons d’abord collaboré avec la police pour le début de l’enquête. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la situation est très confuse et qu’il sera très difficile, d’identifier le ou les coupables. En effet, l’accident s’explique d’abord par un effet de groupe ; au milieu de cette cohue, plusieurs élèves ont donné un ou deux petits coups mais un ou deux élèves ont donné volontairement des coups violents à la tête de Kevin. Étant donné la gravité de cet acte, potentiellement mortel, nous ne pouvons nous permettre, à notre niveau, de nous tromper. Si nous ne parvenons pas à identifier le ou les responsables de cette sauvagerie, il serait injuste de sanctionner, lourdement, un ou des élèves sur qui ne pèseraient que des soupçons. Bien sûr, l’enquête de la police pourrait nous aider à y voir plus clair. Elle suit son cours.

Si un élève a été témoin et, pour une raison qui lui appartient n’a pas dit ou pas osé dire ce qu’il a vu, nous l’invitons à se manifester à un des adultes de l’équipe éducative.

Entre-temps, le terrain de football a été fermé pour les élèves du premier degré !

Par ailleurs, il ne nous semble pas opportun de marquer le coup en appliquant une sanction collective à tous les élèves de 1re ou de 2e ayant participé à ce « jeu ». Nous pensons qu’il serait à la fois plus sage et plus constructif de profiter de l’événement pour essayer d’arriver à une prise de conscience non seulement de la gravité de ces faits, mais aussi de la nécessité de ne plus jamais organiser de tels « jeux » ni d’y participer, sous peine d’une sanction grave.

Nous proposerons, certainement la semaine prochaine, de mettre en place dans les classes de 1re et de 2e une heure de réflexion, animée par le titulaire ou le professeur de religion, autour de cet accident, réflexion qui aboutira à un geste envers Kevin : lettre, petit mot, attention…

Car il est évident que l’essentiel de nos préoccupations est tourné vers Kevin, à qui nous envoyons nos plus vifs souhaits de rétablissement et tous nos encouragements.

Rossano Rosi & Gérard Hittelet