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Décès de Madame Degand, témoignages et textes

Vous connaissez maintenant la triste nouvelle : Mme Anne-Catherine Degand, professeur de mathématiques en 2e et 3e à Saint-Dominique depuis plus de vingt ans, est morte ce jeudi 12 juin 2014.

Cette terrible nouvelle nous a surpris, quoique Mme Degand ait eu ces derniers temps des problèmes de santé et qu’elle ait été sous suivi médical.

Vous n’ignorez pas que son époux, M. Luc Vausort, et son frère, M. Pierre Degand, sont eux aussi professeurs à l’école.

Ce décès, à travers eux, nous touche encore plus — professeurs, élèves, éducateurs, membres du personnel ou administrateurs.

Toutes nos pensées vont à la famille de Mme Degand ainsi qu’à ses trois enfants.

Ce vendredi 13 juin à 11h00, un moment de recueillement a rassemblé tous les élèves et leurs professeurs dans la cour, un registre a été ouvert et chacun a eu (et aura encore) l’occasion de témoigner sa sympathie et son attachement envers Madame Degand et sa famille.

Les élèves et les professeurs ont voulu saluer eux aussi leur professeur, ce jeudi 19 juin de 12h à 13h lors d’un moment de recueillement à l’Audio.
Chacun a pu ainsi se souvenir et évoquer celle qui vient de nous quitter.
L’école reste marquée par cet événement et l’a commémoré par ces fleurs et textes déposés en son honneur.

Les funérailles ont eu lieu vendredi 20 mai, et M. Rosi y a lu le texte que vous pouvez trouver ci-dessous.


Très chère Anne-Catherine,

Je me suis toujours dit que le téléphone était une invention diabolique. Je le pense encore plus aujourd’hui depuis que j’ai reçu, le jeudi 12 juin, ce terrible appel de Luc m’annonçant que tu étais morte. « Anne-Catherine est morte » : ce sont les termes mêmes que Luc a employés. Des mots qui expriment durement, sans aucun euphémisme une tragique réalité, la mort, pour laquelle il n’y a pas, il ne devrait pas y avoir d’autres mots que ceux-là. Jamais je n’oublierai ce coup de téléphone, la voix de ton mari tant aimé — ton mari, ton compagnon de vie, ton collègue aussi.

En une seconde, nous avons basculé dans un monde où nous ne cessons de nous heurter à ton souvenir, à ta présence immatérielle sans jamais plus te rencontrer. Je ne parle ici que du monde professionnel, ton école, tes collègues, tes élèves, qui comptaient tellement pour toi et pour qui tu comptais tellement. J’ai eu l’occasion, hier, de dire aux élèves qui étaient venus se recueillir pour saluer ta mémoire qu’on a toujours dit de toi que tu aimais ton métier. C’est vrai. Tu l’aimais, ce métier, tu l’exerçais avec une passion de jeune première, il te faisait sans cesse réfléchir, imaginer des solutions, sans cesse ce métier t’habitait. Or, il serait plus juste de préciser que plus que ton métier, ce sont tes élèves que tu aimais.

Des élèves à propos desquels tu as toujours tenu des propos encourageants, souvent enthousiastes, toujours riches de promesses. Il y avait toujours de la beauté, de la lumière dans les mots que tu avais au sujet de ces élèves, dont c’est peu dire que d’affirmer que tu les as accompagnés. Tu auras semé en eux des millions de choses et, ce faisant, tu auras contribué à rendre la vie de tous plus agréable, plus liante. Car c’est exactement ça l’œuvre d’un enseignant : contribuer, si peu que ce soit, à changer la vie. Et comme professeur, tu as changé la vie — un peu, beaucoup, mais toujours passionnément — de tous ceux qui ont reçu ton enseignement.

Tu vas nous manquer, Anne-Catherine. L’école est déjà si vide sans toi. Et pourtant, comme tu nous le suggérerais toi-même si tu en avais la possibilité, comme tu as déjà eu l’occasion de le dire à d’autres personnes qui venaient de perdre un être cher, il faut essayer de retrouver une « grande paix » — ce sont les termes que tu employais dans une lettre que tu écrivais il y a un peu plus de dix ans à ton directeur de l’époque — et il faut essayer de retrouver la « présence bienveillante » de l’être disparu pour recevoir enfin, malgré le deuil, « courage et réconfort » — là aussi, ce sont tes termes. Un peu comme si tu nous indiquais, à nous, à ton cher Luc, à tes enfants et à tes proches, la voie à suivre pour surmonter notre désarroi.

Je viens de me rendre compte que c’est bien la première fois, chère Anne-Catherine, que je t’adresse la parole sans que tu aies aussi quelque chose à me dire. C’est troublant. Parce que tu avais toujours quelque chose à dire, à répondre, à préciser. Ton silence est si difficile à entendre.

Au nom de chacun d’entre nous, merci.

R. Rosi 20 juin 2014

Découvrez également une BD réalisée par un de nos élèves en l’honneur de Madame Degand (Réalisée par Simon Breevelt)

BD de Simon Breevelt
Photo de Ph Massart dédiée à Mme degand
Temps de recueillement 1
Temps de recueillement 2
Signature d’un registre

(c) Photo Charlotte Vausort, merci